La transformation de Bordeaux
Au XVIIIème siècle, Bordeaux sort de sa coquille et se jette avec force dans l'aventure coloniale pour son plus grand profit. La ville change alors de stature et de parure en doublant largement sa population (de 45 000 à 110 000 habitants) et en adoptant un urbanisme grandiose digne d'une capitale.
Au début du XVIIIème siècle, Bordeaux est restée dans son aspect une ville médiévale repliée derrière ses murailles avec de nombreux faubourgs.
Les intendants Claude Boucher et Louis-Urbain de Tourny, qui lui succède, entreprennent de donner à la ville une beauté égale à sa richesse. Les remparts sont détruits et la ville médiévale se transforme en cité moderne avec de larges avenues et des allées plantées d'arbres, les allées de Tourny sont créées.
L'architecte Gabriel dessine alors les plans de la place Royale, dédiée à Louis XV (aujourd'hui place de la Bourse). L'archevêque Mériadeck de Rohan décide la démolition de l'ancien archevêché, situé près de la cathédrale et ordonne la construction du palais Rohan, qui devient la nouvelle résidence de l'archevêque (aujourd'hui, la mairie de Bordeaux).
Le duc de Richelieu, gouverneur de Guyenne, impose Victor Louis comme architecte du Grand Théâtre.
Parallèlement, la ville devient une des capitales européennes des Lumières dont Montesquieu est le précurseur.
La franc-maçonnerie bordelaise commence à se développer avec la création de la première loge anglaise en 1732.
Bordeaux est donc une place commerciale de premier ordre. Elle exporte ses vins et ses productions locales vers l'Europe du nord, dont elle importe les marchandises pour les réexpédier vers les colonies.
En 1716, une lettre patente du Roi autorise Bordeaux, Rouen, La Rochelle, Nantes et Saint-Malo à pratiquer la traite des esclaves. Le XVIIIème siècle verra 411 expéditions négrières partir de Bordeaux, 3ème port français de la traite.
Le commerce colonial connaît un essor spectaculaire : le port approvisionne une grande partie de l'Europe en café, cacao, sucre, coton et indigo. Les négociants multiplient les expéditions vers les Amériques, le Canada, l'Afrique mais aussi l'Inde et la Chine.
La Révolution française semble sonner le glas de la splendeur bordelaise.
La fièvre révolutionnaire gagne tout d'abord Bordeaux mais rapidement, la ville est dans le collimateur de Robespierre et de ses amis : elle n'échappe pas aux horreurs qui mettent le pays à feu et à sang.
Ruinée par les guerres napoléoniennes, la cité se réveille à la Restauration avec la démolition du château Trompette, remplacé par l'immense place des Quinconces et la construction du premier pont sur la Garonne, le pont de pierre.
Une reprise économique a lieu dans la seconde moitié du XIXème siècle. L'industrie se développe et donne naissance, en quelques décennies, à de nouvelles activités : chimie lourde, agro-alimentaire, métallurgie, construction automobile. Le port voit enfin la modernisation de ses infrastructures.
La ville s'étend vers l'ouest avec la construction d'échoppes, maisons basses caractéristiques du paysage urbain bordelais et continue son développement sur la rive droite, avec le quartier de la Bastide.
Le vieux souhait de limiter la croissance désordonnée de l'agglomération voit le jour en 1853 avec le début du percement des boulevards, sous l'impulsion de Georges Eugène Haussmann, préfet de la Gironde.